Elle est vraiment audacieuse. Ce discours est, certainement, celui de tous ces Africains qui en ont marre de la relation France/Afrique. La dame, d’un ton courageux, a fortement décriée et dénoncée, au dernier sommet Russie-Afrique (tenu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi), cette Françafrique.
Le forum de Sotchi a été l’occasion pour la Camerounaise Nathalie Yamb de secouer le cocotier des relations France-Afrique. La conseillère de Mamadou Koulibaly, le président du parti d’opposition ivoirien LIDER n’a pas mis de gants pour critiquer cet attelage.
Elle accuse
« Après l’esclavage, après la colonisation, après les pseudo-indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres. Mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore aujourd’hui, en octobre 2019 sous le contrôle de la France », a déclaré la militante politique.
Le discours que tout le monde doit entendre
Ce qui a manqué à la France
Elle a rappelé que si l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre ont compris depuis lors qu’il fallait sortir du schéma de la conférence de Berlin et redéfinir les contours d’une nouvelle coopération avec les pays Africains ce n’était pas le cas de la France « qui avance sans bouger. En portant des masques. Et qui considère toujours le continent africain comme sa propriété », a-t-elle accusé.
Le Franc CFA
Nathalie Yamb a émis des revendications en rapport avec le Franc CFA et la présence de bases militaires françaises en Afrique. « Nous voulons sortir du Franc CFA que Paris avec la complicité de ses laquais africains veut pérenniser sous l’appellation ECO et qui ne permet aucune industrialisation de l’Afrique francophone. Nous voulons le démantèlement de bases militaires qui sous le couvert d’accord de défense bidons ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rébellions, l’entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos Etats ».
L’Afrique n’a pas non plus besoin de nouveaux propriétaires
Nathalie Yamb refuse de voir la France continue d’usurper la voix de l’Afrique à l’ONU. Elle souhaite que les choses changent et que la Russie joue un rôle dans cette évolution sans devenir un nouveau maître pour les Africains. C’est pourquoi elle appelle la Russie à intervenir pour équilibrer les rapports entre l’Afrique et la France.
Elle résume sa pensée dans les lignes suivantes : « sur le plan politique et diplomatique, le monde et la Russie doivent cesser de nous voir à travers les lunettes déformantes du story telling méprisant, mensonger et négationniste de la France qui nous assujettit. L’Afrique n’a pas besoin de tuteur à l’ONU. L’Afrique n’a pas non plus besoin de nouveaux propriétaires, mais la Russie y a sa place comme un partenaire, dans une logique de Commonwealth, d’enrichissement partagé, d e collaboration vivifiante et innovante entre les secteurs privés respectifs ».