Cette mise en examen avait été réclamée au printemps 2018 par le parquet de Paris, mais les juges avaient suspendu jusqu’ici leur décision sur le cas de cette ancienne escort-girl. A l’époque, son témoignage avait amené Tariq Ramadan, alors détenu, à admettre pour la première fois des relations extraconjugales, selon lui « consenties ».
Elle dénonce neuf viols en 2013 et 2014
« Il n’y a aucun élément nouveau » dans l’enquête depuis deux ans, « c’est une mise en examen de pure forme pour pouvoir organiser prochainement la confrontation », ont commenté les avocats de la défense, Nabila Asmane, Ouadie El Hamamouchi et Philippe Ohayon, à la sortie de l’interrogatoire au tribunal de Paris. « Ce n’est pas la parole de Tariq Ramadan contre celle de cette femme, c’est cette femme contre ses propres mensonges graves et concordants », ont-ils ajouté.
Pour l’avocat de la plaignante, « c’est évidemment une satisfaction » et un « tournant fort ». « Les investigations ont démontré combien la parole de ma cliente était aussi fiable que constante », a réagi Eric Morain. « Le Code de procédure pénale ne connaît pas les mises en examen de pure forme : seuls des indices graves et concordants, que les juges ont aujourd’hui pleinement constatés », a-t-il rétorqué.
Mounia Rabbouj, 47 ans, connue pour avoir été protagoniste du procès pour proxénétisme dit du Carlton aux côtés de l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, avait porté plainte en mars 2018 contre l’intellectuel musulman, l’accusant de l’avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.
Tariq Ramadan, 58 ans, était alors emprisonné depuis sa mise en examen le 2 février 2018 pour les viols dénoncés par deux premières femmes. Contraint par le récit de Mounia Rabbouj, l’islamologue avait admis, le 5 juin 2018, des relations adultères avec cette femme et d’anciennes maîtresses ayant témoigné.