Secrétaire national à la communication et non moins porte-parole du Parti socialiste, le député maire de Kaffrine, Abdoulaye Wilane juge prématuré le débat portant sur la succession du défunt secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. En partance pour La Mecque, il convoque la volonté divine et invite les uns et les autres à faire montre de décence et de retenue. Il ne manque cependant pas d’esquisser, de manière prospective, les enjeux auxquels sa formation politique sera appelée à faire face.
«Certains ont trahi Ousmane Tanor Dieng durant sa maladie»
Je ne sais même pas par quel bout prendre l’affaire, tellement je suis triste de voir qu’au lendemain du bel élan de communion nationale sur fond d’hommage quasi unanime rendu à Ousmane Tanor Dieng, je ne suis sollicité que par des questions qui ont trait à ce que l’on appelle la succession. C’est comme qui dirait que personne n’a appris de cet événement, la mort d’Ousmane Tanor Dieng, qui sonne comme une piqûre de rappel pour nous autres mortels qui sommes tellement éphémères dans notre passage sur terre que nous devrions véritablement prendre le temps d’observer le deuil à l’intérieur du Parti socialiste. Malheureusement, ce débat est plus entretenu, amplifié par des hommes et des femmes qui ont raté une bonne occasion de se taire. Il y a parmi eux certains dont l’attitude ressemble à un comportement de vautours ou de charognards. Lisant Virgile dans les textes il disait : «Les vautours sont arrivés, il est mort». J’en connais qui ont trahi, lâché Ousmane Tanor Dieng pendant qu’il était malade de sa maladie qui l’a conduit à la mort et qui aujourd’hui, sans vergogne, sans honte, sans scrupules, sans respect pour le deuil de sa famille biologique et de sa famille politique, sans respect pour la grande émotion qui a habité les Sénégalais, les Africains et les socialistes du monde, se mettent à parler de l’avenir du Parti socialiste.
«Un débat abject aux odeurs nauséabondes»
Au niveau du Parti socialiste, déjà en novembre 2018, au congrès extraordinaire, une résolution avait consacré la suspension du renouvellement des instances le temps que la présidentielle passe pour qu’on reprenne cela après l’élection. Étant observé que le mandat risquait d’être dépassé nous avions prorogé le mandat des instances et des directions du parti jusqu’à l’achèvement du renouvellement des instances de base et de direction. Demain, quand on aura fini de renouveler de la base au sommet toutes les coordinations, quand on aura fini de renouveler les unions régionales, quand on aura fini de faire appel à candidature, de « critérier » et de faire élire un secrétaire général du parti, alors nous tiendrons un congrès pour boucler tout cela. Pourquoi donc cette précipitation, ce débat abject, aux odeurs nauséabondes ? Je voudrais solennellement, en tant que secrétaire national à la communication, porte-parole du Parti socialiste, inviter les Socialistes à avoir confiance entre nous, à avoir confiance en l’avenir.
«Aminata Mbengue Ndiaye a tout le profil et toutes les légitimités pour être là où elle est»
Observons un deuil de 40 jours à deux mois, puisque nous sommes ensemble et solidaires, et que nous étions tous ensemble autour d’Ousmane Tanor Dieng secondé par les adjoints qu’il avait, à côté de qui il y avait Aminata Mbengue Ndiaye première secrétaire générale adjointe et présidente du mouvement national des femmes. Je rappelle qu’en 1996, lorsque l’on faisait la promotion politique d’Ousmane Tanor Dieng, on faisait aussi la promotion politique d’Aminata Mbengue Ndiaye en tant que présidente des femmes. Au plan africain, elle a trôné dans les instances de l’Internationale socialiste, au plan international elle a trôné en même temps, parallèlement avec Tanor, dans les instances internationales de l’Internationale socialiste. Elle a donc tout le profil et toutes les légitimités pour être là où elle est. Tout le monde sait et tout le monde peut attester qu’elle n’a jamais souhaité remplacer quelqu’un dans le parti dans les conditions et circonstances actuelles. Mais l’histoire retiendra que la volonté divine a été tracée de telle sorte qu’elle allait être cumulativement et concomitamment présidente des femmes et secrétaire générale du Parti socialiste. Tout son engagement plaide en faveur d’un respect et d’une acceptation de ce qui a été décidé. On n’est pas maîtres du destin ; nous pouvons façonner l’histoire, nous pouvons l’écrire, mais contentons-nous de parachever le processus de renouvellement des instances de base.
«Ceux qui ont été exclus du Ps ou qui ont transhumé…»
Au moment d’élire un secrétaire général ou une secrétaire générale, quiconque voudra être candidat-e sera candidat-e. Ça c’est pour les Socialistes. Mais pour ceux qui ont été exclus, ou qui ont transhumé en trahissant Ousmane Tanor Dieng pendant qu’il était malade, je leur dis : « un peu de décence, un peu de respect pour vous-mêmes. Laissez-nous gérer intra-muros, selon les règles de conduite, selon le règlement intérieur, selon notre vision de l’avenir ce que nous devons faire ». Tanor savait peut-être ce qu’il avait, peut-être que lui avait senti le cours de l’histoire et du destin. Maintenant, les adeptes du «oh je regrette, oh j’ai raté le coche, oh j’ai raté le virage !» sont comme des imbéciles qui tirent les enseignements de leur imbécillité. À un imbécile vous montrez du doigt le soleil, il ne verra que votre propre doigt. Maintenant, nul ne peut se prévaloir de ses turpitudes, que ceux qui ne sont plus du parti, qui ne sont pas dans le parti aient vraiment la politesse, la courtoisie, la décence, l’élégance de s’occuper de leurs affaires et de nous laisser nous occuper de nos affaires socialisto-socialistes.
«Ne pas répondre à ces charognards et autres vautours qui rôdent autour du parti en pensant que nous sommes un cadavre exquis»
Quand il s’agit de retrouvailles de la famille socialiste, je rappelle que là aussi l’histoire lui fera justice à Ousmane Tanor Dieng. C’est à travers lui qu’on a réhabilité le militant dans le parti en en faisant et en lui reconnaissant la source de légitimité. Ce n’est pas pour rien que le secrétaire général du parti est élu maintenant par plus de 27.000 électeurs, alors qu’à l’époque c’était 2000 électeurs voire moins. Nous avons fait le tour du pays pour montrer que dans un parti, la source de légitimité c’est le militant, dans une République c’est le citoyen électeur. Il avait ensuite dit que l’ère des échappées solitaires est révolue.
Lui qui avec Abdou Diouf a travaillé toujours à l’avènement d’un consensus, a appelé à un sursaut national pour les intérêts supérieurs du Sénégal, cet enfant de la République né républicain, mort au service de la République, a porté sur les fonts baptismaux, par un exercice de dialogue, de conciliation, d’inclusion dans la réflexion par le respect mutuel le Cpc, la Cpa, le Front siggil Senegal dans le cadre de la réappropriation de notre destin national avec les Assises nationales avant l’avènement de Benno siggil Senegal et aujourd’hui de Benno bokk yakaar. Et il rappelait dans une de ses dernières sorties, à travers la Rts, que pour l’avenir il faut que Benno bokk yakaar soit maintenue, renforcée, élargie. Ce qui veut dire que le dialogue politique est en cours dans chaque parti. Parce que dans un parti les militants différents et d’approches différentes discutent entre eux. Les partis peuvent discuter, peuvent faire dans des monologues parallèles, mais quand on est dans une coalition de partis on dialogue. Or dans Bby vous avez des Socialistes, des gens qui se réclament du socialisme, ou des partis dits de gauche mais qui restent dans la grande famille socialiste, plus d’autres sensibilités. Alors, maintenons ce cap patiemment en faisant avancer les choses par des compromis dynamiques.
Ça ne se décrète pas, ça se construit. C’est la raison pour laquelle, encore une fois, je voudrais inviter solennellement les camarades socialistes à ne pas se laisser distraire, à ne pas répondre aux oiseaux de mauvais augure, à ces charognards et autres vautours qui rôdent autour du parti pensant que nous sommes un cadavre exquis. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais debout, droits dans nos bottes, les convictions en bandoulière – les événements et les enseignements vécus nous permettant de nous projeter sur l’avenir. Maintenant que les commentateurs autoproclamés, les politologues autoproclamés et les spécialistes de la divination et autre «gissané» politique nous prédisent ce qu’ils veulent nous prédire, mais nous construisons ce que nous voulons, ce que nous devons construire.
«Nous sommes plus que jamais disposés à tirer les enseignements de tout ce que nous avons vécu»
C’est à l’occasion d’une réunion du bureau politique, la première qu’on a tenue après la présidentielle de 2019, avant la mise en place du gouvernement et la prestation de serment du Président Macky Sall que nous avons dit que nous étions fiers de l’expérience vécue dans Benno bokk yakaar. Pendant la campagne présidentielle, des socialistes avaient été exclus car à un moment ils étaient en désaccord avec la ligne du parti. Nous nous sommes retrouvés avec certains d’entre eux dans le même projet, et à ceux-là nous disons, comme à tous ceux qui demain veulent faire comme eux, que la maison du Parti socialiste est la maison de la roche mère. C’est la maison de tous ceux qui se veulent socialistes. L’essentiel c’est la ligne du parti et le projet que nous devons adapter à chaque moment et à chaque défi. Aujourd’hui nous sommes plus que jamais disposés à tirer les enseignements de tout ce que nous avons vécu, en étant fiers de ce que nous avons réussi, de ce que nous sommes et en étant conscients que nous savons ce qui nous attend dans l’avenir. J’en appelle au patriotisme de parti des cadres, des intellectuels : ne dialoguons pas par presse interposée, ne nous laissons pas divertir par des gens qui veulent nous créer une polémique qui n’existe pas.