23/04/20 à 11:16
Je viens de perdre, à l’instar de milliers de jeunes cadres sénégalais et africains, mon ancien professeur de littérature britannique, directeur de mon mémoire de DEA et de mes deux thèses, le Professeur Mamadou GAYE, un brillant universitaire d’une grande humilité.
Instituteur sorti MAJOR de sa promotion de l’Ecole normale des instituteurs au beau milieu des années 70, il a ensuite gravi tous les échelons de l’enseignement. The Great GAYE avait brillamment soutenu à l’Universite de Strasbourg (France), une thèse de doctorat unique sur crime et culpabilité dans l’œuvre de Joseph Conrad, auteur anglo-polonais réputé très difficile. Le Doyen Mamadou KANDJI nous a toujours conseillé de suivre vos pas, les pas majestueux d’un érudit rigoureux et taquin.
Vos pairs vous ont toujours fait confiance et vous ont porté à la tête du département d’Etudes anglophones de l’UCAD pour ensuite faire de vous le Directeur de l’Institut des Langues étrangères appliquées (ILEA) et responsable de la Formation doctorale /Études anglophones et comparées. Nous l’avons jamais regretté. Le souriant maître et collègue est toujours resté le leader juste, équitable, accessible et transparent.
Oh dear sir! We’ll all miss your smiles and your heart-stirring jokes.
Tu m’as toujours porté dans ton cœur et tu me rendais bien mon affection et mon respect.
Maire de Niandane, tu m’y as toujours reçu avec tous les honneurs des grands jours quand j’étais membre du Gouvernement. Tu as marqué de ton empreinte indélébile ta commune d’origine avec un bilan élogieux en s’acquittant au même moment de tes devoirs de Professeur titulaire de littérature anglaise et de secrétaire général de l’Agence de Développement local où j’avais proposé ta nomination que tu avais acceptée au nom du sens du devoir et par affection pour moi.
GAYE a vécu en homme simple et humble, en gentleman dont « the britishness » reflétait sa bravoure, son sens de l’honneur et sa générosité d’un rural fier de ses origines.
Dear Sir, tu as affronté ta longue maladie et l’adversité sans jamais la chercher, avec dignité, grandeur et héroïsme.
Tu as toujours rêvé me voir porter le même grade que toi comme ton Maître, notre Respecté Maître, le Professeur Mamadou KANDJI, la voulu pour toi et par la suite pour notre bande de jeunes assistants durement combattus par certains aînés qui ont tenté de s’opposer à notre destin.
C’est fait depuis la semaine passée. Je te renouvelle mes félicitations et mes remerciements au nom de « la belle bande de bonnes recrues » comme tu aimais nous appeler.
Je revis l’ambiance de nos séminaires de DEA sur l’histoire et les grandes tendances du libéralisme et l’utopie dans les œuvres britanniques et africaines avec vous et le Doyen Mamadou KANDJI.
Je revois les signes de ta joie quand tu as appris que je suis admis au grade de maître de conférences. J’entends encore tes encouragements quand nous avions eu mes résultats d’admission au grade de maître-assistant.
Ministre, je te revois me tenir la main avec joie et fierté comme un papa le fait avec son fils pour me présenter au marabout de Niandane et à tous les dignitaires du village en insistant sur mon statut de votre « supérieur hiérarchique » en tant que ministre des maires. Je précisais toujours que vous êtes mon maître « sen dome moma diangal ».
Je partage ma peine avec tous tes disciples surtout l’actuel Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, le Professeur Alioune Badara KANDJI, mon collègue Cheikh KANDJI nouvellement promu Professeur titulaire de littérature anglaise, le chef de notre département, le Professeur Mody SIDIBE et un de tes premiers doctorants, le Dr Ousmane Aly PAM.
Moi, l’Africaniste, l’intrus chez les Britannistes qui a été parfaitement intégré par vous, je vous dis MERCI.
Je vous retrouverai. On se reverra. Nous reconstituerons encore notre belle ambiance intellectuelle des temps passés.
En attendant, nous, tes fidèles disciples et tes amis au sein de notre temple du savoir, d’ici et d’ailleurs, allons travailler à t’offrir des Mélanges dignes de ton rang et de ton parcours.
Vos petits sont devenus grands, nous veillerons rigoureusement sur ton héritage intellectuel. C’est promis.
Je présente mes condoléances à Monsieur le Président de la République du Sénégal, Macky SALL, ton ami, au Dr Cheikh Oumar Hanne, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ton parent du Fouta, à la communauté universitaire, au Recteur et Président de l’Assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, aux populations du Fouta, au Khalife de Niandane, à tes épouses, à tes enfants et à ton frère El Hadj Malick GAYE, DG de l’AGETIP.
Que le Seigneur t’accueille, cher Prof, au Paradis. Amine.