La situation qui prévaut au Sénégal, avec la vague de manifestations populaires suite à la tentative de liquidation politique orchestrée par le « gardien de la confusion » Macky Sall et son « ministre de l’inférieur » Félix Antoine Diome contre le leader de l’opposition Ousmane Sonko, entraine une levée de boucliers des défenseurs du régime pour dénoncer les violences.
Mais le peuple avait-il ou a- t-il le choix devant les dérives d’un régime glissant à grande vitesse vers une dictature ? Ce peuple a- t-il le choix devant l’accumulation des frustrations, de la pression sociale et de l’indifférence de son président ? Le peuple a- t-il le choix devant le népotisme d’Etat érigé en loi, un beau-frère présidentiel qui détourne arrogamment ses maigres espoirs ? A- t-il le choix quand environ cinq cents de ses enfants périssent en quelques mois au large de la Méditerranée devant le silence assourdissant d’un « chef de l’Etat » ? Bref ce peuple a- t-il le choix quand on l’affame, le violente, l’embastille, le tue ? Pour couronner le tout on essaie de tuer son espoir de changement, de renouveau, de renaissance incarné par le leader des « Patriotes ».
« On gouverne tout sauf le cœur » affirme le sage. La sordidité machiavélique du plan ourdi contre Ousmane Sonko a suscité l’indignation populaire. Les cœurs ingouvernables se sont révoltés contre un tyran insensible à la non-violence et au bon sens. Faut-il blâmer le peuple ? « A une loi injuste, nul n’est tenu d’obéir » disait Saint Augustin. Entre se taire et agir le peuple a choisi l’action. Le temps des palabres, des théories et des paroles creuses est révolu. Qui peut l’en blâmer ? Albert Memmi, à la lumière de Malcom X, est catégorique « la violence de l’opprimé n’est que le reflet de celle de l’oppresseur ».
Certains diront que la violence est synonyme de chaos et qui va gagner dans le chaos ? D’autres leur rétorqueront devant l’injustice qui va gagner ? L’injustice entraine le chaos c’est aussi simple que ça. La loi du juste milieu oblige, un troisième groupe condamnera et la violence et l’injustice pour prôner la paix et rien que la paix. Mais quelle paix quand le peuple est dépossédé de son droit élémentaire à s’exprimer et à s’indigner ?
Il fut des hommes très célèbres qui choisirent la voie tortueuse de la violence pour répondre à l’oppresseur. Nelson Mandela, apôtre de la paix se tourna vers celle-ci en 1960 après la répression meurtrière de manifestants contre l’apartheid à Sharpeville. Et l’expérience démontre que les grandes nations se sont forgées dans le sang et dans les larmes, la France, les Etats Unis, la Chine, l’Afrique du Sud ne nous démentiront pas.
Le sage Cheikh Ahmed Tidiane Sy disait qu’ « on ne peut purifier un pays que de deux manières : soit par des cœurs sains et purs soit par du sang. Et le purifier par des cœurs sains et purs seraient l’idéal. »
Le choix est laissé à l’apprenti dictateur, seul responsable de toute cette agitation. Prions pour que le peuple sénégalais dans toutes ses composantes choisisse l’idéal des cœurs sains et purs.
Cheikh Ahmadou Tidiane Mané
Doctorant en Histoire, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne